Inculturation ou ethnicisation. Les pratiques religieuses des Pondichériens catholiques en île-de-france

Confrontée au double mouvement de décolonisation et de migration, l’Église, depuis le second concile du Vatican, s’est donnée les priorités de favoriser l’intégration des communautés catholiques au sein de leur propre culture (niveau indigène), et de favoriser l’intégration des différentes communaut...

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Main Author: Sébastia, Brigitte (Author)
Format: Electronic Article
Language:French
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Published: Ed. de l'Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales 2002
In: Archives de sciences sociales des religions
Year: 2002, Volume: 119, Pages: 99-126
Further subjects:B Inculturation
B innovation rituelle
B communautés pondichériennes
B catholicisme indien
B indigénisation
Online Access: Presumably Free Access
Volltext (lizenzpflichtig)
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Description
Summary:Confrontée au double mouvement de décolonisation et de migration, l’Église, depuis le second concile du Vatican, s’est donnée les priorités de favoriser l’intégration des communautés catholiques au sein de leur propre culture (niveau indigène), et de favoriser l’intégration des différentes communautés catholiques migrantes au sein des pays d’accueil (niveau exogène). L’article traite de ces questions à travers le cas de l’Inde et de la communauté pondichérienne installée en Île-de-France. Les exemples présentés démontrent un important décalage entre les perspectives ecclésiales et ses applications. L’élite cléricale indienne, invitée à réfléchir sur les moyens d’« inculturer » le catholicisme en tenant compte de la sensibilité indienne, se montre plus soucieuse de créer une « Église authentiquement indienne » qu’à répondre aux besoins réels de sa communauté. Aussi, les traits d’inculturation qu’elle introduit dans la liturgie ne sont guère pratiqués en Inde du fait de leur connotation hindoue. En revanche, ils suscitent un vif intérêt auprès des Pondichériens de France qui les considèrent comme des marqueurs de l’identité indienne. Ils apparaissent dans les messes tamoules dès lors que les Pondichériens sont dotés d’un aumônier tamoul ou lorsqu’ils sont invités à présenter devant la communauté paroissiale, une messe selon la coutume du pays. Les objectifs ecclésiaux visent l’intégration des communautés culturellement plurielles au sein de la grande famille catholique, mais la présence d’aumôniers tamouls a favorisé l’expression d’un catholicisme « à l’indienne » marqué par les jeux de pouvoir basés sur des critères indiens (caste ; statut économique) ou français (grade militaire). Ces rivalités ont provoqué l’éclatement de la communauté en six groupes qui se font mutuellement concurrence. Cette émulation apparaît nettement à travers les innovations ou l’ajout d’un rite d’inculturation dans certaines messes annuelles organisées par les «.Communautés.» qui possèdent une statue de la Vierge de Velankan≥n≥i (Vierge apparue au Tamil Nadu) dans leur paroisse. Dans ce cas, les traits d’inculturation fonctionnent comme des marqueurs d’altérité.Confrontée au double mouvement de décolonisation et de migration, l’Église, depuis le second concile du Vatican, s’est donnée les priorités de favoriser l’intégration des communautés catholiques au sein de leur propre culture (niveau indigène), et de favoriser l’intégration des différentes communautés catholiques migrantes au sein des pays d’accueil (niveau exogène). L’article traite de ces questions à travers le cas de l’Inde et de la communauté pondichérienne installée en Île-de-France. Les exemples présentés démontrent un important décalage entre les perspectives ecclésiales et ses applications. L’élite cléricale indienne, invitée à réfléchir sur les moyens d’« inculturer » le catholicisme en tenant compte de la sensibilité indienne, se montre plus soucieuse de créer une « Église authentiquement indienne » qu’à répondre aux besoins réels de sa communauté. Aussi, les traits d’inculturation qu’elle introduit dans la liturgie ne sont guère pratiqués en Inde du fait de leur connotation hindoue. En revanche, ils suscitent un vif intérêt auprès des Pondichériens de France qui les considèrent comme des marqueurs de l’identité indienne. Ils apparaissent dans les messes tamoules dès lors que les Pondichériens sont dotés d’un aumônier tamoul ou lorsqu’ils sont invités à présenter devant la communauté paroissiale, une messe selon la coutume du pays. Les objectifs ecclésiaux visent l’intégration des communautés culturellement plurielles au sein de la grande famille catholique, mais la présence d’aumôniers tamouls a favorisé l’expression d’un catholicisme « à l’indienne » marqué par les jeux de pouvoir basés sur des critères indiens (caste ; statut économique) ou français (grade militaire). Ces rivalités ont provoqué l’éclatement de la communauté en six groupes qui se font mutuellement concurrence. Cette émulation apparaît nettement à travers les innovations ou l’ajout d’un rite d’inculturation dans certaines messes annuelles organisées par les «.Communautés.» qui possèdent une statue de la Vierge de Velankan≥n≥i (Vierge apparue au Tamil Nadu) dans leur paroisse. Dans ce cas, les traits d’inculturation fonctionnent comme des marqueurs d’altérité.
Confronted with the movements of decolonization and immigration, since Second Vatican Council, Roman Catholic Church has been careful to integrate mission countries’s catholic communities into their own culture (indigenous level) and to integrate various catholic migrants into the western countries (exogenous level). This article examines these perspectives through the cases of India and the Pondecherrian communities near Paris. These articles point to an important discrepancy between the aims of the Church and the way in which the local Churches have applied them. Invited by Roma to introduce some modifications in the catholic liturgy according to the Indian sensibility, the elite Indian clergy shows more interest in creating an authentically Indian Church than meeting the needs of the community. Thus, the inculturation rites introduced in the liturgy are hardly practiced in India because of Hindu connotations. They interest greatly the Pondecherrians in France however because they express Indian identity. They appear in the Tamil mass when the Pondecherrian community got a Tamil chaplain and were invited by the parish priest to present a mass performed according Indian custom; If the goals of the Church point out the integration of the culturally various communities inside the Catholic family, Tamil chaplains have encouraged a Catholicism «à l’indienne» with the expressions of rivalry and emulation based on Indian criteria (caste, economic status) and French ones (military rank). They provoked also the scission into six distinct communities which compete with each other. This emulation appears clearly through the innovations and additions of inculturation rites into annual services organized by communities who possessed a statue of the Virgin of Velankan≥n≥i, a Virgin who appeared in Tamil Nadu in the seventeenth century. Then, the performance of the inculturation rites acts as a mark of ethnicity.
Favorecer la integración de las comunidades católicas en el seno de su propia cultura (nivel indígeno) y favorecer la integración de las distintas comunidades católicas emigrantes dentro de los países de acogida (nivel exógeno) son las prioridades que se ha dado la Iglesia, confrontada al doble movimiento de decolonización y de migración, desde el segundo concilio del Vaticano. El presente artículo trata de dichas cuestiones mediante el caso de la India y de la comunidad procedente de Pondichéry e instalada en París (capital y afueras). Los ejemplos presentatos demuestran un importante desajuste entre las perspectivas eclesiales y sus aplicaciones. La élite clerical india, a la que se le ha propuesto reflexionar sobre los medios de "inculturar" el catolicismo tomando en cuenta la sensibilidad india, manifiesta un cuidado más especial a la hora de crear una "Iglesia auténticamente india" que para responder a las necesidades reales de su propia comunidad. Por lo tanto, los rasgos de inculturación que introduce en la liturgia no son de los más praticados en la India debido a su conotación hindú. En cambio, dichos rasgos les llaman mucho la atención a los nativos de Pondichéry establecidos en Francia porque los consideran como unos distintivos de la identidad india. Durante las misas tamules, están presentes en cuanto los nativos de Pondichéry disponen de un capellán tamul o cuando se les invita a que presenten ante los feligreses una misa de acuerdo con la costumbre de su país. Los objectivos eclesiales no buscan sino la integración de las communidades, plurales a nivel cultural, dentro de la gran familia católica pero la presencia de capellanes tamules han favorecido la expresión de un catolicismo "a lo indio" señalado por los juegos de poder basados en criterios indios (casta.; estatuto económico) o francés (grado militar). Dichas luchas provocaron la fragmentación de la comunidad en seis grupos que rivalizan entre sí. Esta emulación aparece claramente a través de las inocaciones o de la añadidura de un rito de inculturación en algunas de las misas celebradas anualmente y organizadas por las "Comunidades" que poseen una estatua de la Virgen de Velankan≥n≥i (una Virgen que apareció en Tamil Nadu) en su parroquia. En este caso, los rasgos de inculturación no funcionan sino como distintivos de alteridad.
ISSN:1777-5825
Contains:Enthalten in: Archives de sciences sociales des religions
Persistent identifiers:DOI: 10.4000/assr.2778