Quand l’empereur marie sa fille: la dot de Gisèle, fille de Louis le Pieux et de Judith, en son contexte

Le mariage de Gisèle, fille de Louis le Pieux et de Judith, avec Évrard, un membre du groupe puissant Unrochide et titulaire d’honores en Frioul au service de Lothaire Ier, s’inscrit dans le contexte des négociations devant régler la succession impériale, à la fin des années 830. Par son ampleur inh...

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Bibliographic Details
Main Author: Le Jan, Régine 1945- (Author)
Format: Electronic Article
Language:French
Check availability: HBZ Gateway
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Published: Société pour le Progrès des Etudes Philologiques et Historiques 2018
In: Revue belge de philologie et d'histoire
Year: 2018, Volume: 96, Issue: 2, Pages: 597-612
Online Access: Volltext (lizenzpflichtig)
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Description
Summary:Le mariage de Gisèle, fille de Louis le Pieux et de Judith, avec Évrard, un membre du groupe puissant Unrochide et titulaire d’honores en Frioul au service de Lothaire Ier, s’inscrit dans le contexte des négociations devant régler la succession impériale, à la fin des années 830. Par son ampleur inhabituelle, son caractère fiscal, sa situation géographique, la dot qui fut accordée à Gisèle révèle les enjeux de la compétition qui s’est jouée à l’échelle de l’empire et dans les régions transfrontalières, entre les années 830 et la fin du ixe siècle. Sa puissance symbolique était le substrat matériel d’un lien créé par le mariage d’Évrard et de la fille de l’empereur. Elle a ensuite été instrumentalisée par de nombreux acteurs : par le couple Évrard - Gisèle qui l’a répartie entre ses fils cadets pour permettre à l’aîné de recevoir l’héritage italien et alémanique, et qui a aussi réussi à fonder sur un de ces fiscs un monastère, confié à l’un des fils, où Gisèle elle-même ferait entretenir la memoria familiale, sur le modèle des reines ; par le groupe unrochide qui n’a pas manqué de s’appuyer sur ces biens en Francie et en Lotharingie pour gagner en puissance ; par Charles le Chauve qui conservait des droits sur ces biens fiscaux, qui les a confisqués, restitués, au gré de ses relations avec Évrard et son groupe. Le devenir des biens, envisagé à l’échelle locale et à l’échelle impériale, montre que le champ symbolique était lui-même évalué, négocié, hiérarchisé, puisque, du vivant d’Évrard, le couple a finalement préféré prendre le risque de perdre tout ou partie de la dot pour gagner en prestige et puissance du côté de Louis ii en Italie. Mais à l’inverse, une fois veuve, Gisèle a choisi de quitter l’Italie, où son fils aîné avait pris la place du père, pour retrouver ses biens dotaux en Francie, au prix de sa soumission, au moins apparente, à son frère et à ses ambitions impériales. L’analyse de la dot permet ainsi, en faisant varier la focale, de réinsérer Gisèle dans le contexte global pour retrouver l’unité de sa personne, tout en laissant place au temps, au déroulement de la vie d’une femme, soumise aux aléas de la politique et aux pressions, mais parfaitement consciente de son statut et sans doute de ses objectifs.
Contains:Enthalten in: Revue belge de philologie et d'histoire
Persistent identifiers:DOI: 10.3406/rbph.2018.9201