Convictions et croyances: que protège la liberté de conscience ?

La liberté de conscience est généralement présentée comme un principe fondamental des sociétés démocratiques. Pourtant, sa définition concrète et ses modalités d'exercice demeurent imprécises et incertaines. Par ailleurs, la protection qu'elle offre aux convictions non-religieuses est bien...

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Auteur principal: Guichard, Sylvie 1977- (Auteur)
Type de support: Électronique Article
Langue:Français
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Fernleihe:Fernleihe für die Fachinformationsdienste
Publié: Sage [2019]
Dans: Studies in religion
Année: 2019, Volume: 48, Numéro: 3, Pages: 361-381
Sujets / Chaînes de mots-clés standardisés:B Vereinte Nationen, Verfasserschaft1, Universal Declaration of Human Rights (1948 Dezember 10) / Liberté religieuse / Liberté de conscience
RelBib Classification:AD Sociologie des religions
KBQ Amérique du Nord
XA Droit
Sujets non-standardisés:B Déclaration universelle des droits de l'homme
B liberté de religion
B sphère de protection
B Jurisprudence
B conviction
B États-Unis
B Canada
B Convention européenne des droits de l'homme
B liberté de conscience
B Suisse
B France
B Croyance
B Constitution
Accès en ligne: Accès probablement gratuit
Volltext (Resolving-System)
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Description
Résumé:La liberté de conscience est généralement présentée comme un principe fondamental des sociétés démocratiques. Pourtant, sa définition concrète et ses modalités d'exercice demeurent imprécises et incertaines. Par ailleurs, la protection qu'elle offre aux convictions non-religieuses est bien plus restreinte que celle qu'elle garantit aux croyances religieuses. Ce rapide constat induit plusieurs questions : pourquoi de nombreuses constitutions mentionnent-elles conjointement la liberté de conscience et la liberté de religion ? D'où vient ce couple formé par ces deux libertés ? Que signifie-t-il pour chaque liberté prise séparément ? Que protège spécifiquement la liberté de conscience et quel est son champ d'application ? Afin d'apporter un éclairage à ces questions, cet article propose un argument en trois parties. La première partie observe que la liberté de conscience est entrée dans les textes constitutionnels étroitement liée avec la liberté de religion. Dans de nombreux pays, les constituants ont ainsi introduit la liberté de conscience sans en clarifier le contenu. La deuxième partie met en évidence qu'en se laïcisant, l'idée de conscience a ouvert un champ d'application potentiellement très large avec des limites difficiles à définir. La troisième partie s'intéresse aux conséquences contemporaines de cette évolution : la différence avec laquelle les croyances religieuses et les convictions non-religieuses sont protégées. Cette différence est en effet injustifiable dans les États libéraux contemporains, mais nous n'arrivons pas à nous défaire de cet implicite chrétien selon lequel les croyances religieuses sont « spéciales » et ont droit à une protection particulière par rapport aux convictions non-religieuses.
Freedom of conscience is generally presented as a fundamental principle of democratic societies. However, its concrete definition and its modalities of application remain vague and uncertain. Besides, the protection it gives to non-religious convictions is much more restricted than the one it guarantees to religious beliefs. This rapid observation brings several questions: why do numerous constitutions mention together the freedom of conscience and religious freedom? Where does the pair formed by these two liberties come from? What does it signify for each of them taken separately? What does freedom of conscience protect specifically and what is its field of application? This article examines these questions in a three-part argument. The first part observes that freedom of conscience was introduced into constitutions closely linked with religious freedom. In many countries, constituents introduced freedom of conscience without clarifying its content. The second part points out that by secularizing itself, the idea of conscience opened a field of application potentially very large and with limits difficult to define. The third part considers the contemporary consequences of this evolution: the unequal protection of religious beliefs and non-religious convictions. This difference is unjustifiable in contemporary liberal societies, but we are unable to detach ourselves from the implicit Christian faith according to which religious beliefs are "special" and have a right to a special protection compared with non-religious convictions.
ISSN:2042-0587
Contient:Enthalten in: Studies in religion
Persistent identifiers:DOI: 10.1177/0008429819855614